Beauty Is What You See (2013-2018)
« Lorsque je vois le tableau à la fin d’une performance à l’aveugle, l’expérience est toujours un peu violente
parce qu’il y a toujours une énorme différence entre mon souvenir sensoriel et le résultat produit. »
parce qu’il y a toujours une énorme différence entre mon souvenir sensoriel et le résultat produit. »
Extrait de l'exposition Step Inside The Process, présentée à la Rack Gallery en 2014
Cette série de tableaux-performances naît de manière plutôt inattendue alors qu’ Olicorno en est à ses premières expérimentations en privation sensorielle. Après deux jours complets à l’aveugle, il se souvient que du matériel de peinture se trouve dans une armoire et décide de s’en servir pour s’amuser. Lorsqu’il recouvre la vue le jour suivant, le résultat des deux petits tableaux créés à l’aveugle ne l’impressionne pas mais un détail le frappe; il réalise que le souvenir qu’il avait des tableaux était essentiellement physique: les distances, les mouvements, les dosages approximatifs de couleurs. Il perçoit instantanément le potentiel expérimental de cette méthode. Loin de se douter de l’ampleur que prendrait la série et de la quantité de tableaux qui allait être créée de cette manière, il comprend que la technique à l’aveugle continuera de l’intéresser jusqu’à ce qu’elle devienne facile et prévisible dans son exécution ou encore complètement ennuyante. Il intitule le premier triptyque « Work [#3] Beauty is What You See », en référence à la distorsion entre son intention de créer du « beau » en tant que non-voyant et le résultat concret de son intention perçu par la personne voyante. Au début de chaque performance, les trois couleurs primaires sont rendues accessibles de façon à ce que l’artiste ne puisse pas les différencier entre elles. Le jaune, le rouge et le bleu deviennent aléatoirement les couleurs A, B et C, et les dosages sont ensuite calculés algébriquement. Par exemple, l’équation (A+2B) pourrait représenter autant la couleur indigo que vert lime, mais selon sa position sur la roue chromatique des couleurs, elle serait probablement complémentée à merveille par la couleur (2A+C). La création d’un tableau nécessite alors beaucoup de concentration et de mémoire. Au terme de la performance, Olicorno se transforme d’artiste à public. Il voit et juge maintenant le tableau d’un œil relativement détaché, comme si l’œuvre devenait soudainement extérieure à lui-même. Il n’a plus de contrôle sur le résultat. |